Partagée entre les communes de Médan et de Villennes, cette île de 42 hectares, paradis d’Emile Zola, était déjà un lieu de villégiature prisé au XIXe siècle. Elle offre un dépaysement total, loin de l’agitation des centres urbains voisins.
Fréquenté à la belle saison par de nombreux parisiens dans les années 1930, le complexe sportif, situé à 30 minutes en train de Paris, pouvait accueillir jusqu’à 6 000 personnes chaque jour. Les baigneurs rejoignaient l’île grâce à un bac.Ouvert en juillet 1935, le bâtiment Art déco aux allures de paquebot avec ses 240 cabines, ses terrasses et son restaurant a été construit par les architectes pisciacais Paul et Lucien Bourgeois.
La piscine extérieure, construite en béton face au long bâtiment rectiligne, mesure 25 sur 66 mètres. Elle était entourée à l’époque d’une grande plage de sable. Des cours de tennis et des agrès complétaient l’ensemble à l’arrière du bâtiment principal. Un mini-golf y a ensuite été aménagé dans les années 1950. Un toboggan nautique géant a également vu le jour à la même période.
L’ensemble a été inscrit aux Monuments Historiques en 2009 du fait de son intérêt patrimonial remarquable, témoignage du courant hygiéniste et de l’époque des premiers congés payés.
Le site était accolé au domaine de Physiopolis, fondé en 1927, qui permettait aux naturistes de bénéficier d’activités en plein air grâce à de nombreux équipements sportifs (stade avec piste olympique, terrains de basket, de volley, etc.) et d’y séjourner dans des bungalows.
Le site, tombé en désuétude dans les années 1970, a définitivement cessé son activité en 2002. Il est désormais devenu une friche où la nature reprend peu à peu ses droits. La piscine est inondée chaque hiver et les bâtiments inoccupés se dégradent progressivement, faute d’entretien. Le mini golf et les terrains de tennis ont, quant à eux,entièrement disparus sous la végétation.
L’association Médan d’hier et d’aujourd’hui cherche cependant à conserver et transmettre la mémoire de ce lieu remarquable à travers des expositions et des publications. Par ailleurs, le site est devenu un lieu propice et reconnu de la pratique de l’urbex, l’exploration de lieux urbains abandonnés, et intéresse les photographes qui viennent y prendre des clichés aux beaux jours.
À la suite de sa fermeture, la société devenue propriétaire a souhaité y développer un projet de rénovation pour en faire un site touristique de qualité avec un centre de thalasso mais finalement sans succès à cause, entre autres, des contraintes de construction en zone inondable et de la protection patrimoniale du site. Le propriétaire du site réfléchit donc à la possibilité d’en refaire une base de loisirs.
La municipalité porte, quant à elle, un projet de développement touristique d’envergure qui comprend une rénovation du site mais également l’aménagement d’une petite halte fluviale sur les berges de Seine, l’aménagement de voies piétonnes et un nouvel accès à la plage. Ces travaux permettraient notamment de faciliter l’accès au musée Zola et au château de Médan pour les plaisanciers.
Elle souhaiterait également y développer des résidences d’artistes et un jardin aquatique pour valoriser la flore et la faune fluviale. Un projet de guinguette en face de l’île est également à l’étude.
Ce lieu exceptionnel mériterait de retrouver, sans nul doute, sa splendeur d’antan ...