PATRIMOINE

Château
de Maisons

Texte : Guillaume Le Roux ©
Photos : Philippe Berté / Benjamin Gavaudo
/ Pascal Lemaître / Centre des Monuments Nationaux©

« Le château de Maisons ( ... ) est d'une beauté si singulière qu'il n'est point d'étranger qui ne l'aille voir comme une des plus belles choses que nous ayons en France » [Eloge de François Mansart par Charles Perrault 1696].

Situé entre la forêt de Saint-Germain-en-Laye et la Seine, le château de Maisons, à Maisons-Laffitte, est propriété de l'Etat et ouvert à la visite du public par le Centre des monuments nationaux. S'il fut longtemps considéré comme l'une des plus belles maisons de plaisance des environs de Paris, il reste un témoin capital du talent du grand architecte François Mansart.

Une architecture classique aux splendides décors sculptés

Edifié entre 1634 et 1646, le château de Maisons est un des exemples le plus raffiné du château classique à la française, et l'un des chefs-d'œuvre de François Mansart (1598-1666), figure majeure du classicisme.

René de Longueil ( 1596-1677), président au parlement de Paris, gouverneur des châteaux de Saint-Germain-en-Laye et de Versailles et surintendant des finances, passa commande d'un château neuf pour sa seigneurie de Maisons-sur-Seine où il accueillera en 1651, le jeune Louis XIV accompagné de sa mère, la régente Anne d'Autriche.

Dès son achèvement, le domaine de Maisons est admiré et célébré. Il annonce par bien des points Vaux-le-Vicomte, puis Versailles, dont l'architecte Jules Hardouin n'est autre que le petit neveu de Mansart.

Le château se compose d'un corps principal avec pavillon central saillant, encadré de deux courtes ailes précédées de deux pavillons latéraux, dont les façades sont animées par un jeu de pilastres et colonnes doriques, ioniques et corinthiens et d'éléments sculptés d'inspiration antiquisante.

Seule construction de Mansart dont le décor intérieur ait survécu, on peut admirer intacts des intérieurs particulièrement riches, à l'image du vestibule d'honneur, de l'escalier à quatre volées droites ou encore du grand salon de l'appartement à l'italienne.
Ces espaces sont ornés d'une décoration sculptée d'une beauté exceptionnelle, de décors peints ainsi que d'un rarissime cabinet aux miroirs marquetés de bois exotiques, de filets d'étain et d'ivoire.

De Louis XIII à la Restauration, 2 siècles d'histoire se racontent à Maisons

Le domaine, resté aux Longueil jusqu'en 1777, est racheté par le comte d'Artois, frère cadet de Louis XVI, qui confie des travaux d'embellissement à François-Joseph Bélanger. Ce dernier réaménage une partie des appartements du rez-de-chaussée pour les mettre au goût du jour et permettre d'y donner des réceptions. Salle à manger, salle de jeux, salon des officiers présentent d'élégants décors sculptés et de stucs témoignant d'un moment d'excellence dans les arts du décor néoclassique en France.

Après la Révolution, le château est acquis par Jacques Lannes en 1804. Le maréchal et son épouse y reçoivent à plusieurs reprises Napoléon. La restitution de la chambre de la duchesse de Montebello présente du mobilier Empire provenant de l'ancien palais des Tuileries.

En 1818, c'est le banquier et gouverneur de la banque de France, Jacques Laffitte, qui l'acquiert. Il lotit le parc donnant naissance à la « colonie de Maisons-Laffitte » et procède à divers aménagements dont la commande de grandes toiles aux peintres néoclassiques Bertin et Bidault. Après l'achat par Thomas de Colmar ( 1850) puis par le peintre russe Vassili Tilmanovitch Grommé ( 1877), le château est menacé de ruine. C'est l'Etat qui le sauve en l'acquérant en 1905. Le domaine est toutefois amputé de quelques hectares.

Le château reste aujourd'hui encore une référence dans l'art et l'architecture français. En 2016, de grands travaux de rénovation des extérieurs ont été entamés, dont une phase essentielle s'est achevée en 2019 avec la restauration de la façade, du portail et de la cour d'honneur du château.

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