RENCONTRE

Virginie Gadenne,
administratrice
de la villa Savoye

Texte : Rémi Le Roux
Photos : Centre des Monuments Nationaux, Virginie Gadenne ©

Après avoir occupé plusieurs postes clés pour la Ville de Paris, notamment dans la gestion de musées, Virginie Gadenne a rejoint le Centre des Monuments Nationaux pour prendre la direction de la villa Savoye et du château de Maisons. Deux sites patrimoniaux remarquables...

Voko : peux-tu nous raconter ton parcours dans le monde de la Culture et ton arrivée à la direction de la villa Savoye ?
Virginie Gadenne :
Après une double formation universitaire en droit de la propriété littéraire et artistique et en histoire de l’art, j’ai été amenée à passer les concours de la Fonction publique, car je souhaitais m’investir dans le service public.
Après un passage au ministère de l’Economie, j’ai débuté une longue carrière à la Ville de Paris, d’abord au sein du cabinet du maire de l’époque, Bertrand Delanoë, avec des dossiers aussi divers que le suivi de grands chantiers structurants pour la ville (comme la création de la Philharmonie de Paris), l’entretien des églises, le développement de l’art dans l’espace public, la création de Nuit blanche ou encore la rénovation des musées de la capitale. Puis, j’ai rejoint la direction des affaires culturelles où j’ai occupé différents postes dans l’administration de la culture et des musées comme celui de secrétaire générale du Petit Palais lors de sa réouverture au public en 2004 ou du musée Carnavalet.
Ces expériences m’ont donné envie d’aller plus loin dans l’animation et la gestion de sites culturels. C’est assez naturellement que j’ai candidaté sur un poste d’administrateur au sein du Centre des Monuments Nationaux (CMN) et que j’ai eu la chance d’être recrutée pour administrer le château de Maisons et la villa Savoye dans les Yvelines.

V. : V. : En quoi consiste tes missions en tant qu’administratrice ?
V. :
L’administrateur est d’abord un chef d’établissement, responsable de l’ouverture au public du monument, de son entretien et de sa programmation culturelle. Il n’est pas en charge des travaux de restauration du monument, il existe pour cela un service dédié au sein du CMN, composé de personnels scientifiques (conservateurs, architectes) qui assurent la maitrise d’ouvrage et la maitrise d’oeuvre des opérations de travaux.

V. : Tu as découvert le territoire du nord des Yvelines en prenant tes fonctions à la villa Savoye. Quel regard portes-tu sur ce territoire ?
V. :
J’ai été frappée par la richesse du patrimoine yvelinois, c’est un département qui investit dans la culture avec le soutien de la Région, et les communes sont soucieuses de prendre soin de leur patrimoine. Il existe une offre culturelle très dynamique. On y trouve des sites d’envergure internationale comme la villa Savoye de Poissy construite par Le Corbusier, inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

V. : la villa Savoye est un monument phare, internationalement reconnu. Qu’est-ce-que cela fait d’être à la tête d’un tel site ?
V. :
C’est à la fois une grande fierté de montrer et d’expliquer au public un tel monument mais aussi une source d’inquiétude au vu des nécessités de restauration. C’est un travail sur le temps long en collaboration avec la fondation Le Corbusier, la DRAC et le service travaux du CMN. Les interventions sont de plus complexes car la restauration des oeuvres en béton du XXème siècle sont un défi technique. La notoriété de Le Corbusier conjuguée au caractère iconique de la villa amènent un public aussi nombreux que divers, ce qui est très enrichissant. La villa fait aussi l’objet de sollicitations pour des tournages, des prises de vue, des expositions, ce qui illustre son extraordinaire renommée.

V. : Comment peut-on visiter la villa ?
V. :
Pour s’adapter au public très divers, il existe plusieurs outils de médiation tels que des guides de visites en 10 langues, un audioguide traduit en plusieurs langues, un film sur l’histoire de la villa Savoye, une visite virtuelle qui permettra notamment à un public scolaire ou « empêché » de découvrir à distance le lieu grâce à l’animation d’une guide conférencière. Depuis 2022, une visite en réalité virtuelle permet au spectateur de s’immerger dans le site des années 30 et de découvrir les fondements de l’architecture moderne qu’incarne la villa Savoye.
Des ateliers sont également proposés tout au long de l’année pour les scolaires ou les familles.
Un programme d’expositions d’artistes (Nathalie Dupasquier en 2022, Françoise Pétrovitch en 2023) est mis en oeuvre afin de faire dialoguer la création contemporaine et cette oeuvre iconique de l’architecture moderne.

V. : La villa a fait l’objet d’une campagne de restauration en 2022. Peux-tu nous en dire deux mots ?
V. :
La villa Savoye a été fermée au public entre octobre et décembre 2022 afin d’améliorer la conservation et l’état de présentation des intérieurs. Des travaux de réfection ont été effectués : mise en peinture, réfection des sols, des huisseries et des ouvrants. Cette campagne ne doit pas faire oublier le projet plus ambitieux de restauration globale du monument qui sera prochainement programmé. Cette rénovation totale pourrait s’inscrire dans le projet de création d’un musée Le Corbusier implanté à Poissy dans les prochaines années et dont la villa serait un élément phare.

V. : Quels sont les grands projets pour les années à venir ?
V. :
Un partenariat avec la Cité de l’Architecture et du Patrimoine permettra de présenter au public de la villa l’exposition itinérante « Architecture en boite » qui retrace l’histoire de l’architecture des origines à nos jours.
Par ailleurs, l’idée est de donner à voir des espaces habités tout en respectant le caractère iconique de la villa, par l’installation ponctuelle de mobiliers conçus par des designers dans le cadre d’expositions temporaires. Il n’est toutefois pas exclu de présenter du mobilier Le Corbusier – Jeanneret – Perriand dans le salon pour donner aussi à la villa sa dimension de lieu d’habitation et souligner l’ampleur des champs d’investigation de son architecte explorant l’habitat sous toute ses formes… la maison : une machine à habiter !

Partager
cette article

Le Magazine de l’effervescence et de la créativité culturelles en Seine Aval